Quand s’en ira la peur – Manon Lecor

Je voulais commencer ma chronique directement, peut-être trop abruptement, mais j’ai pris conscience que mon enthousiasme était lié à ma lecture et qu’il serait peut-être plus judicieux de vous mettre le résumé pour vous mettre dans l’ambiance :

Jeune femme indépendante de vingt-six ans, Gabrielle vit à Paris et a un job de rêve mais depuis quelques temps elle ressent de drôles de choses, de curieuses impulsions qu’elle ne contrôle pas. Est-elle en train de devenir dangereuse pour ses proches ? Après un tour chez le psychiatre, Gabrielle découvre qu’elle fait un «burn-out». Elle va ouvrir les yeux sur sa vie qui n’est parfaite que sur le papier.

Quand s’en ira la peur est un roman qui fait du bien. Ce n’est pas un feel-good, car le mal-être y est abordé et assumé, mais il agit comme un déculpabilisant. Ne pas se sentir bien, cela arrive. En prendre conscience est déjà une preuve de courage et de force. Dès les premières pages, on saisit l’importance du discours de la société, du formatage qu’elle impose autour de nous, qui nous conditionne malgré nous, en allant parfois jusqu’à nous faire douter de notre identité. Manon Lecor déconstruit ce système et nous montre une voie différente. En dédramatisant les peurs quotidiennes, la pression liée au boulot, ce sont les passions et le bonheur qui sont revalorisés. Mais le bonheur n’est-il pas, là aussi, un produit conditionné par les diktat de notre société ?

20180717_162817

Plusieurs personnages, avec chacun leur propre histoire, étalonnent le récit et l’accomplissement de Gabrielle. Et en s’ouvrant un peu aux autres, elle se rend vite compte que chacun au fond de lui possède une part d’ombre. Chacun a ses angoisses, chacun a sa manière de passer outre. Et pourtant, tous ont l’air d’avoir trouvé la sérénité, parfois presque une paix entre leur corps et leur esprit. Accepter ses failles, accepter de ne pas être tel(le) que les autres attendent, accepter ce qui nous fait du bien : ce savant mélange nous aide tout autant que Gabrielle. Manon Lecor ne guérit pas le burn-out de manière idéaliste, elle montre aussi les rechutes, n’a pas peur de mettre des mots sur ce que l’on tait.

Finalement, j’ai eu l’impression que ce roman se fait le porte-parole de notre génération. Peut-être que je m’emballe en disant cela. Peut-être que je suis l’une des seules, mais je me suis sentie proche de Gabrielle, de part son âge, son environnement, ses craintes, sa peur de l’avenir. Je n’ai pas fait de burn-out. Mais le surmenage, je connais. Les angoisses aussi. La peur de ne pas être à la hauteur également. Et si Gabrielle s’en sort à sa manière, tout le monde peut réussir, à condition d’accepter. De s’accepter.

Nous sommes dans une société où la réussite professionnelle impacte fortement la réussite tout court. Mais l’épanouissement personnel ne doit pas être mis de côté.

J’ai apprécié la manière dont Manon Lecor traîte ce sujet : les choses sont dites, parfois avec humour, parfois avec pudeur, sans jamais tomber dans le mélodrame. J’ai adoré retrouver l’île de Ré, lire le nom de ma Rochelle, comprendre cette sensation de plénitude lorsque l’on retrouve ses terres. J’ai aimé voir cette famille telle qu’elle est, avec ses hauts et ses bas, mais soudée quoi qu’il arrive. J’aurai aimé rencontrer Gabrielle au-delà des pages, aller à New-York avec elle et rencontrer ses amis.

Cette lecture fait passer un message qui me parle. Voilà pourquoi j’ai adoré lire l’histoire de Gabrielle. Et si la peur ne s’en va jamais vraiment, à défaut d’être une faiblesse elle peut aussi devenir une force.

Merci encore Manon de m’avoir fait découvrir ton roman.

Si vous souhaitez vous procurez Quand s’en ira la peur, c’est par ici ! (Possible aussi à la commande chez votre libraire habituel)

Si vous souhaitez en apprendre un peu plus sur Manon, c’est par ici !

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :