Je n’ai pas honte de le dire, j’avais très vaguement entendu parler de Carlos, non pas le chanteur mais le terroriste. Blague à part, lorsque Sophie Bonnet m’a contactée pour me proposer de découvrir son récit, je n’ai pas hésité. J’aime lorsqu’un texte peut m’apprendre des choses. Au-delà du récit sur Carlos, j’y ai retrouvé le milieu carcéral – introduit dans mon horizon de lecture par Guillaume Para en 2018 -, et ai appris combien certaines relations peuvent devenir nocives tant elles sont obsédantes.

Sophie Bonnet est journaliste et a réalisé de nombreux reportages. Dans Salutations révolutionnaires, elle revient sur sa volonté de rencontrer Carlos dans l’optique d’un documentaire. Il y a la prise de contact, surprenante, la rencontre, troublante, la récurrence voire la routine qui s’installe entre eux deux. Tout est ambivalent, à l’image de cet homme : l’humanité laisse place à l’obscurité lorsqu’il s’agit de revenir sur le passé. L’ego de ce révolutionnaire tâche la réalité, comme si la prison avait stoppé toute progression de la réalité, comme si dehors, on attendait Carlos, partout, tout le temps. Comment obtenir quelque chose de concluant d’un homme qui ne pense qu’à lui, à mille lieues du présent ?
Voilà tout la difficulté rencontrée par la journaliste : il y a d’un côté la conviction que peut-être une vérité parviendra à sortir, d’un autre, l’envie d’abandonner mais l’impossibilité d’agir. Il y a un véritable décalage entre l’homme en prison et les conséquences de ces actes et de la violence, qui impacte encore des familles des décennies plus tard.
J’ai été happée par ce récit. J’en ai appris un peu plus sur ce terroriste du XXe siècle, sur le milieu carcéral, et je crois que j’ai beaucoup apprécié l’écriture : elle pointe du doigt sans forcément juger, elle fait état de ce qui est, tel que c’est et sans détails inutiles.
A lire si vous voulez regarder un documentaire à travers les mots !