Une réécriture du mythe de Médée à travers la violence du silence.
Il part. Ou plutôt, il fuit. Comme ça, à l’aéroport, sans prévenir. Médée, elle, reste là, elle attend. Sans comprendre qu’elle ne doit plus attendre. Ses enfants la rejoignent, pour lui parler, lui expliquer. Adam, son fils, la prend dans ses bras. Adam qui fera tout pour ramener sa mère à la vie, la vraie vie.
Médée décide de louer une chambre d’hôtel, à l’aéroport. De ces chambres impersonnelles, elle se fondra dans le décor, aussi grisée que le papier peint. Elle y restera enfermée et perdra la notion du temps.
Quand elle décide de sortir de cette bulle, elle découvre une boule de pâte à modeler au pied de la porte. Il s’agit d’un écho, d’un rappel. Médée est sculptrice. Elle définit les corps, les émotions, se perd dans sa passion. Cette pâte à modeler, Adam espère qu’elle sera un électrochoc pour sa mère. Mais il n’en est rien.
Elle sort, retourne à l’aéroport, et rencontre une femme. Elle n’a rien. Elle aussi a perdu. Mais elle s’accroche. Une douce amitié se crée, petit à petit, aussi inattendue soit-elle, elle guide Médée vers la voie de l’acceptation. Une seconde fois, elle tombe sur une boule de pâte à modeler. Rouge. La colère sort, la boule de pâte vole dans la pièce. Et soudain…
Frappée par la puissance du non-dit, Yasmine Chaadi réussit à donner du sens à ce qui n’est plus, mais qui existe encore. L’incompréhension, la douleur, la perte, tout prend chair dans ce récit poétique où l’expression des maux est contenue dans le silence.
Ce texte sublime permet de (re)découvrir le mythe de Médée, et de se laisser porter par l’écriture de Yasmine Chaadi le temps d’un court récit.