
Comme une explication à tout le roman, le titre donne une tonalité avant même d’ouvrir le livre. Parce que l’histoire de Théo et Sarah est loin d’être ordinaire, typique du fameux « ça arrive aux autres » jusqu’au jour où ça nous tombe dessus. Mais le lecteur est prévenu : c’est Sarah qui nous raconte, Sarah qui est morte et qui est omnisciente. Et j’ai aimé cette prise de position, risquée je vous l’accorde, mais qui offre un point de vue si inattendu !

Mais qu’est-ce qu’elle nous raconte alors ? L’histoire de sa vie. On la rencontre jeune, avant sa rencontre avec Théo. Et puis on assiste à la naissance de leur couple, puis de celle de leur premier enfant, Simon. On découvre les angoisses de l’un et de l’autre, toujours avec cette voix qui nous parle directement à nous lecteur, sans filtres, aussi surprenant que cela puisse paraître.
Sans chichi, comme une confession entre Sarah et le lecteur, la lecture est fluide et intense. A l’image du Pete Fromm ou du personnage de Rabbit Hayes, je ne suis pas sortie indemne de cette lecture. J’ai versé une larme face à récit, pour sa sincérité, pour ce choix de point de vue un peu osé, mais j’y ai compris le besoin qui se cache derrière : donner la parole une dernière fois pour laisser partir et passer à la phase suivante du deuil.
Et même si ça fait mal, la vie continue, et elle continue d’être belle à qui veut bien le voir. C’est le message que je retiendrai, cette positivité que rien ne vient faire trembler, car même les doutes finalement deviennent des respirations pour repartir à la guerre.
Et cette couverture… Elle représente très bien la tonalité du roman : de la lumière à en devenir aveugle, de la lumière d’amour, de la lumière de vie.
Un avis sur « Il est juste que les forts soient frappés, le premier roman de Thibault Bérard »