Une douce ressemblance avec une certaine Madame Duras

Je suis rentrée dans cette librairie avec des amis, et je leur ai dit « laissez-moi le temps, j’arrive ». En inspectant les rayonnages, dans le silence de cet après-midi d’hiver, je suis tombée sur ce livre de Jean-Philippe Toussaint, dont la chronique de Loupbouquin m’avait tellement plu que je n’ai pas pu résister. Je me suis plongée dedans le dimanche. Oui, plonger, il n’y a pas meilleur mot pour parler de ce livre, de cette histoire où l’eau – qu’elle soit de la pluie, de la piscine ou des larmes – vient lier ces deux êtres dans les débuts et la fin.

Qu’avais-je à faire ces jours-ci à Tokyo ? Rien. Rompre. Mais rompre, je commençais à m’en rendre compte, c’était plutôt un état qu’une action, un deuil qu’une agonie.
Faire l’amour, Jean-Philippe Toussaint
Le résumé parlait d’une rupture amoureuse, le titre évoque tout sauf une rupture. Un paradoxe que je n’ai cessé de trouver au fil des pages. Quand leur corps se mêlent, c’est mécanique, sans sentiment. Et quand ils ne sont pas dans le même espace ensemble, il y a comme un creux, celui de l’autre.
Marie est hypnotique, sensuelle au sens premier du terme. Lui possède une fiole d’acide chlorhydrique, comme un prolongement de lui-même, ce n’est qu’à la fin qu’elle se met à agir et marque, d’une métaphore amère, la fin d’une histoire : celle du livre et celle de leur amour.
J’ai aimé avoir les sens en éveil, l’odeur des petits restaurants japonais, le bruit de la pluie, le goût des ramen, la douceur de la moquette de l’hôtel. J’ai aimé l’écriture brute, sans fioriture, sans pathos, juste un morceau de vie où l’autre donne du sens.
J’ai eu l’impression de retrouver L’Amant de Marguerite Duras : le calme et la sérénité du Japon, l’amour dans tous ces états… Une lecture puissante que je vous conseille sans hésiter !