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Mon Mari – Maud Ventura

C’est une entrée fracassante pour ce premier roman : Maud Ventura aborde le thème de l’amour déjà bien balayé par les écrivains et écrivaines depuis la nuit des temps. Et pourtant : on se laisse surprendre avec délectation dans les tréfonds malsain de l’amour poussé à l’extrême.

Mon mari, Maud Ventura

Edition de L’Iconoclaste, 19€

#amourfou #dissectionamoureuse

Après quinze ans de mariage, la narratrice en est persuadée : elle est toujours amoureuse de son mari. Et vu son comportement ces derniers temps, il se pourrait même qu’elle l’aime plus que lui.

Chaque jour de la semaine, elle guette tout, car potentiellement un détail pourrait le trahir et lui révéler… quoi au juste ? Peu lui importe, tant que cela confirme son hypothèse. Ouvrez grand les yeux, car au détour d’une phrase, sous le regard tranchant de cette fausse blonde quarantenaire, il se pourrait que la clé de l’histoire soit cachée !

Car il ne s’agit pas juste d’une énième peinture de l’amour dans la littérature. C’est une dissection amoureuse, qui va fouiller dans tous les coins de la passion, dans les limites extrêmes de la pensée, de la folie, et nous ramène avec un humour grinçant à nos plus profonds questionnements que l’on cherche souvent à taire.

Vaut le détour pour… sa construction (1 chapitre = 1 jour de la semaine), pour l’introspection de la narratrice qui vient caricaturer (à peine) nos comportements face à l’être aimé, pour la tension et la chute !

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Reading Classics Challenge 2020 : c’est parti pour une troisième édition !

Après avoir recueilli vos réponses et fait le tirage au sort des auteurs et autrices pour 2020, j’ai le plaisir de vous présenter la sélection du #ReadingClassicsChallenge pour l’année à venir !

Avant toute chose, j’aimerai vous remercier pour votre implication et vos retours depuis 2 ans maintenant ! De cette envie de lire des classiques avec d’autres personnes, vous avez fait de ce challenge un vrai moment de partage, et j’adore lire vos retours de lectures, vos échanges, que ce soit sur instagram, vos blogs ou le groupe Facebook.

Comme promis, cette liste est inspirée de vos réponses ! Vous verrez, certains auteurs ou certaines autrices n’ont pas une bibliographie aussi longue que d’autres (je pense par exemple à Madame de Villeneuve ou Madeleine St-John), mais c’était pour répondre également à ceux qui souhaitaient avoir une lecture plus imposée avec un livre conseillé et faire une vraie lecture commune.

J’ai essayé de vous proposer également des auteurs et autrices que nous n’avions pas encore lu dans les éditions précédentes (et ce n’était pas si simple !). J’espère que cette liste vous plaira et vous fera découvrir de nouveaux horizons littéraires !

Et surtout, n’oubliez pas : si vous ne trouvez pas certains titres, commandez-les auprès de vos libraires préférés !

Rendez-vous dans quelques jours pour débuter cette nouvelle année 🙂 N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous pensez de cette liste, j’ai hâte d’avoir vos retours !

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Mes bonnes résolutions littéraires pour 2020

2019 aura été une sacrée année : fin des études, déménagement, nouvelle vie, nouveaux challenge, mais toujours les livres, les fictions, les histoires. Un peu moins certes, et c’est pour cela que j’ai décidé de prendre des bonnes résolutions pour 2020, retrouver ces habitudes de lectrice qui me permettaient de mieux m’organiser dans ma gloutonnerie littéraire.

2019 : ma première année non littéraire

Après 5 ans d’études de Lettres, me voici arrivée dans le milieu du management et de l’entreprise. Nouveau rythme, nouvelle ambiance, les livres de fiction se sont transformés en livre de gestion, de droit, de marketing… Les anglicismes ont remplacé la poésie et j’ai fini par ne plus avoir le temps de lire pour moi. Alors à chaque occasion, j’ai dévoré mes lectures en laissant de côté tous les réflexes littéraires que j’avais acquis pendant mes études.

Ce qui a changé

Mon carnet de lecture a pris la poussière. C’est bête et insignifiant, mais je ne l’emmène plus partout avec moi, je ne griffonne plus dedans et finalement… Je ne résume plus mes lectures. Je ne sais plus ce que j’ai lu cette année (du moins, plus autant qu’avant), et je trouve ça dommage. J’ai simplement perdu l’habitude, et ma manière de lire a elle aussi changé. Fini l’œil vif à l’affût de la phrase qui deviendra citation. Tellement de choses ont changé cette année, ma vie de lectrice en a pris un coup elle aussi mais cela va changer !

Et pour 2020 ?

Je vais acheter un carnet pour reprendre mon suivi de lecture : un petit cadeau de moi à moi pour retrouver le plaisir d’écrire et garder un souvenir de chacune des lectures qui m’accompagnera dans cette nouvelle année. Je vais organiser mon temps pour écrire régulièrement mes chroniques aussi, vous parler, échanger, animer le groupe du Reading Classics Challenge, ainsi que le compte Instagram dédié que j’ai créé pour partager aussi vos lectures… Tout est une question d’organisation, un peu comme pour trouver le temps pour lire.

ça vous dit qu’on en parle ?

Et vous, carnet de lecture ou tout dans la tête ? Lecture minutieuse ou 100% sans prise de tête ? Racontez-moi comment vous faites, comment vous lisez, peut-être que nous nous échangerons des conseils !

Devenir mère, être mère, rester femme dans la littérature française contemporaine

Il y a des événements dans nos vies qui nécessitent parfois de prendre du recul. Une sorte d’assistance pour reprendre son souffle à travers la littérature. C’est mon cas, en réalité. Plusieurs fois j’ai eu besoin –enfant, adolescente, femme –, de me raccrocher à des livres pour comprendre et me sentir moins seule.

J’ai enfanté il y a 4 mois maintenant. Dans ce périple, j’ai lu de nombreux ouvrages pour mieux comprendre ce qui allait m’arriver. Car même si c’est un choix, on est confrontées à des choses auxquelles on ne s’attend pas forcément. C’est cliché, mais pour le coup très vrai, il faut le vivre pour ressentir. Et seule l’expérience personnelle de la maternité fera foi dans notre propre vie. Les retours des autres, les autres femmes, celles-ci même qui ont enfanté avant, peuvent apporter un éclairage, mais jamais la lumière complète. Dans cet article, je souhaite vous partager les livres qui m’ont accompagnée, parfois jusqu’à la dernière page, pour me préparer à découvrir le monde mystérieux de la maternité.

In Carna, récit de maternité dès la première pensée.

J’avais lu plusieurs fois des témoignages disant que l’on ne devient pas mère toutes au même moment. Pour certaines, c’est dès le projet lancé, pour d’autre c’est à la naissance. Le cheminement, chacun le fait selon son histoire, son couple et bien d’autres choses encore. C’est ce que j’ai retrouvé dès les premières pages de ce livre, In Carna, dont la couverture m’avait déjà interpelée à la librairie. Je vais être honnête, je ne suis pas allée au bout de ce livre pour la simple et bonne raison que c’était trop : trop fort, trop honnête, trop troublant. En revanche, il fait partie de mes prochaines lectures car je pense qu’il mérite d’être lu jusqu’au bout.

Toucher la terre ferme, partir ou rester, le dilemme existentiel.

C’est court, c’est intense, dans un souffle on lit les mots brûlants de Julia Kerninon qui démystifie le « devenir mère ». Comme je vous le disais plus haut, même si c’est un choix, parfois c’est le vertige qui arrive, les questions qui fusent « est-ce que je suis vraiment prête ? Est-ce que je ne vais pas regretter ma vie d’avant ? Est-ce que j’en suis capable ? Est-ce que c’est ce que je veux vraiment ? ». Voilà l’ouvrage qui m’a le plus bousculée pendant la grossesse. En voyant des mots posés sur cette ambivalence dérangeante, je me suis sentie rassurée. Finalement, ça arrive de se poser ces questions, et c’est ok. Ça ne fait pas de nous une mauvaise personne (enfin, je ne pense pas ?). Une merveilleuse découverte, lue en un après-midi que je ne manquerai pas de relire.

  • Dans la même veine : Liv Maria, de la même autrice (que je n’ai pas encore lu)

Vivre heureux avec son enfant, un petit livre/guide de développement personnel pour voir la parentalité sous le signe de la bienveillance

Découvert pendant ma grossesse, ce livre est un guide qui met en scène des moments de vie entre adultes et enfants. Je fais bien la nuance et j’insiste sur le terme d’adulte et non de parents dans les situations qui sont décrites car c’est là où réside toutes les problématiques qui sont évoquées dans le livre. Nous visons dans une société qui attend des enfants qu’ils soient silencieux, calmes, souriants, et surtout qu’ils s’adaptent à tout cela. N’oublions pas l’enfant que nous étions, celui ou celle qui avait besoin de rassurance pour ne plus craindre les monstres sous le lit, d’un bisou en plus pour se sentir aimé, d’être écouté pour se sentir compris par ses parents. C’est ce que j’ai aimé dans ce livre : il nous amène à nous questionner sur ces situations en se repositionnant à la place de l’enfant, avec des notions scientifiques (pour comprendre le développement du cerveau par exemple), de la bienveillance pour les parents et des petites choses pour se sentir rassuré au quotidien. Bien entendu, comme dans tout guide comme ça, il y a du tri à faire, des choses qui vous parlerons plus que d’autres, mais ça vaut le coup d’y jeter un œil !


On s’arrête ici pour la première partie de ce dossier sur le thème de la parentalité/maternité. La suite très bientôt, avec les livres qui abordent la perte d’un enfant, car il en existe bien plus que ce que l’on pense et l’on en parle trop peu. N’hésitez pas à partager les livres que vous avez lu sur ce thème, je suis curieuse d’en découvrir d’autres ! Et dites-moi si ce genre de contenu vous plaît (j’ai d’autres thématiques en tête) 😉

Madame Bovary, chronique d’un monument littéraire

Lire Flaubert, c’est mettre un pied en plein cœur de la culture française. C’est partir dans les terres normandes en plein cœur du XIXe siècle, entendre des histoires de mœurs, de tradition, des histoires de voisinage, de commérages ; c’est découvrir une autre époque et se dire que c’est fou car ça ne semble pas si loin…

Edition Folio, à shopper ici

J’ai pu lire L’Education Sentimentale dans le cadre de ma licence. C’était riche de détails, d’informations sur la société de l’époque, et j’ai retrouvé tout ça dans Madame Bovary. Sans oublier l’ironie, injectée avec parcimonie dans des situations qui mettent en scène des personnages assez symboliques. Destin d’une vie illusionnée, Flaubert dresse le portrait d’une femme de province qui rêve de tout ce que la vie ne lui offre pas. Pourtant, entre ce que j’en avais entendu et ce que j’ai vraiment lu, j’ai été surprise de voir qu’il y avait autant de décalages…

Pour savoir de quoi un livre parle, rien de mieux que de le lire nous-même !

Pour moi, Madame Bovary c’était l’histoire d’une femme qui, parce qu’elle état malheureuse, lisait des livres et se projetait dans la fiction. C’était une femme douce, jolie, naturelle, qui n’avait juste pas eu de chance. J’imaginais de la poésie, de la mélancolie. J’attendais donc avec impatience ces passage, j’imaginais Emma lire des textes, se projeter, rêver les yeux ouverts… Et puis finalement rien. Le seul moment qui y ressemble, c’est lorsqu’elle va au bal (ça avait d’ailleurs un petit air de Bridgerton…) et qu’au retour, pendant des semaines et des mois, elle rêve de revivre ces mondanités. Mais c’est tout !

Mais alors, ça parle de quoi, Madame Bovary ?

L’histoire commence avec le petit Charles Bovary, à l’école, avec une description peu flatteuse. On le retrouve des années plus tard avec quelques a priori. Il est pourtant devenu médecin. Marié une première fois, il finit par épouser Emma, une jeune fille qui vient de perdre sa mère. Elle est issue des champs, travaille tous les jours, rayonne par sa beauté naturelle. A force de visite pour surveiller l’état de santé d’un membre de la famille, il finit par tomber amoureux et demande la main d’Emma à son père. Ils se marient, emménagent ensemble à Yonville, dans la campagne normande près de Rouen. Charles a obtenu une opportunité pour devenir médecin dans cette ville, dans laquelle nous allons rencontrer plusieurs personnages secondaires importants.

Charles et Emma sont mariés, Charles travaillent de ville en ville et il faut bien se rendre à l’évidence, Emma s’ennuie. Vient dont la fameuse invitation mondaine à un bal, qui met des étoiles dans les yeux de la jeune femme. Et puis la naissance de leur fille, pour laquelle Emma ne porte aucun intérêt. Elle commence à courtiser un homme, puis un autre qui finit par se lasser d’elle. Elle est chagrinée par ce rejet, et se sent coincée par la vie qu’elle subit au quotidien. Elle s’enfonce dans des dépenses bien au dessus de ses moyens, qu’elle cache à Charles, jusqu’à ce que la réalité lui revienne en pleine face. Je ne dirai rien de plus pour ne pas spoiler encore plus celles et ceux qui aimeraient lire cette histoire.

Médecine, courants de pensée, vie en province…

Flaubert ajoute par touche les idées de l’époque sur plusieurs sujets : la médecine et les techniques en vogue de l’époque, le décalage entre la vie en province et celle à la capitale, les manières de se cultiver, par correspondance… C’est assez intéressant de voir ces petites incrustations du quotidien dans une œuvre qui m’a parue aboutie. J’ai vraiment aimé me laisser porter au fil des pages, traverser les époques et découvrir la région rouennaise d’une autre manière.

Et vous, avez-vous lu Madame Bovary ? Qu’en avez-vous pensé ?

A bientôt pour une nouvelle chronique ! 🙂

Janvier – un mois riche en lectures !

C’est l’heure de dresser le bilan de ce premier mois de l’année ; et plutôt que de vous rédiger un article pour chaque livre lu (déjà parce que je n’ai pas été assez acidue ces derniers mois, mais aussi parce que ça ferait beaucoup d’articles d’un coup), je vous propose un petit condensé de ce que j’ai pu découvrir, aussi bien en roman qu’en BD, sans oublier un peu de poésie !

11 livres découverts

Sans plus attendre, voici la petite liste de mes lectures :

  • Le Fabuleux voyage du carnet des silences de Clare Pooley (dont la chronique est en ligne, pour le coup). En vérité, je l’ai terminé en janvier. J’ai pu le découvrir via Netgalley en décembre, et j’ai eu la chance de pouvoir intégrer le club de lecture Fleuve avec Mademoiselle Lit à l’occasion de la sortie de ce livre le 4 février dernier ! Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir ma chronique enthousiaste si vous voulez en savoir plus.
  • La Trajectoire de l’aigle de Nolwenn le Blevennec, un premier roman paru chez Gallimard pour la rentrée de janvier. J’ai bien apprécié cette histoire, avec une mention spéciale pour la fin de ce livre, que j’ai trouvé particulièrement magistrale.
  • Des diables et des saints de Jean-Baptiste Andrea. Ce roman. Je l’attendais avec impatience, sans rien en attendre de particulier, comme pour me laisser surprendre. Après Ma Reine et Cent millions d’années et un jour, ce troisième roman de Jean-Baptiste Andrea nous embarque dans les souvenirs d’un pianiste de rue pour notre plus grand bonheur. Une histoire où tout, chaque mot, chaque virgule a sa place. Tout dans l’écriture est au service du récit. Une maîtrise narrative excellente, où les personnages sont forts, où les scènes sont brillamment amenées. Un dialogue avec ce pianiste qui nous explique du fond du cœur d’où est née son attente. Un immense coup de cœur que je vous invite à découvrir, vraiment. (je vous glisse le résumé ici)
  • Le Dérèglement joyeux de la métrique amoureuse, de Mathias Malzieu et Daria Nelson. De la poésie écrite à l’encre du cœur, qui m’a fait du bien au moral et m’a fait rêver les yeux ouverts. Parce que oui, l’amour, c’est dans tellement de livres… On en lit en long, en large et en travers, et pour autant, avouons-le nous : on en redemande. Mais là, c’est frais, c’est original, c’est mélodieux. La poésie n’est pas morte, loin de là !
  • Le Monde selon Dan, de Matthew Dicks. Celui-ci, je ne vous en ai pas parlé. J’ai pu le découvrir via Netgalley également, et c’était… surprenant. Ne vous attendez pas à un livre comme les autres. Attendez vous vraiment à rentrer DANS le monde de Dan, littéralement. Et Dan, il vit une vie pleine de chamboulements. Il a quitté son poste de professeur pour ouvrir sa librairie. Mais les fins de mois se compliquent, et il veut avancer dans son couple. Tout ça, vous pourrez le découvrir à travers les listes que Dan rédige à longueur de temps. Ce livre, c’est son carnet de listes. Il y en a pour tout, dans tous les sens. J’ai eu beaucoup de mal à me mettre dedans, ce style atypique m’a un peu compliqué la tâche. Pourtant je n’ai pas lâché l’affaire, et j’en suis venue à bout. J’ai presque ressenti de la sympathie pour ce Dan, pour ces aventures, ces craintes… Mais sans plus. Si jamais vous voulez en savoir plus, je vous mets le résumé ici. Pour moi, ça ne restera pas une grande lecture.
  • Pas dupe, d’Yves Ravey. C’est un livre que j’ai acheté en suivant les conseils de Marie-Laure, mon ancienne collègue à la librairie Coiffard (coucou Marie-Laure !), mais que je n’ai pris le temps de découvrir que tout récemment, lors d’un weekend lecture entre copines. Il se lit très vite et très bien. Le corps de la femme du narrateur est retrouvé dans un ravin. Accident de voiture mortel. Mais la police s’en mêle, l’inspecteur se pose des questions : est-ce vraiment un accident ? On suit cette enquête, la multiplication des interrogatoires, on se pose des questions… J’ai passé un bon moment de lecture. Parfait pour un dimanche pluvieux, en mangeant des cookies. Pour en savoir plus, c’est ici.
  • Huit Clos, de Jean-Paul Sartre : la première lecture de 2021 pour le #ReadingClassicsChallenge ! C’était le mois du théâtre et je suis très contente d’avoir trouvé un petit classique comme celui-ci. Bon, je dois avouer que le sujet du livre fait étrangement écho à une situation que nous connaissons bien depuis quelques temps… (Fiez vous au titre, vous comprendrez vite). J’ai souligné plusieurs passages dans ce livre, tant certaines phrases ont pu être percutantes. Vous l’aurez compris, ce n’est pas un immense coup de cœur, mais c’était bien.
  • L’Ombre du Vent, le premier tome du cycle du Cimetière des livres oubliés de Carlos Ruiz Zafon, un GROS coup de cœur pour cette histoire où fiction et réel se côtoient de très près. Je me suis sentie comme quand je dévorais, petite, les tome d’Harry Potter, hypnotisée par la magie de cet univers. Commençons par l’odeur du livre. Oui, l’odeur du livre. Je vous en parle mais ça joue : un livre ce n’est pas seulement ce qu’il y a dedans, c’est un objet avant tout, qu’on trimballe, qu’on fait vagabonder de pièces en pièces (à défaut de le faire de ville en ville), et qui nous accompagne. Il y a donc l’odeur de ce livre, et puis tout le reste, la typographie, le grain du papier… Et bien sûr, les mots. Il y a Daniel, son père, Fermin, Clara, Béa, Tomas, Julian et Pénélope… Il y a ce mystère autour du livre, la magie créée autour des livres, DU livre qu’on doit choisir pour être LE livre de notre vie, cet espace qui permet aux livres de ne jamais vraiment tomber dans l’oubli. ça m’a tellement plu que j’ai couru en librairie acheter le tome suivant. Rendez-vous dans quelques semaines pour la suite de l’aventure…
  • Il faut flinguer Ramirez, Tome 1, de Nicolas Petrimaux. Une BD GÉ-NIALE ! Ramirez est muet, il travaille pour la société Robotop (dans la Falcon City en Arizona), le leader de l’aspirateur sur le marché dans les années 80. Mais Ramirez a une double vie que personne ne soupçonne : c’est aussi le plus grand assassin mexicain. Préparez vous : ça claque, ça pique, ça explose, c’est coloré, c’est digne d’un film, avec des encarts publicitaires qui sèment des petits indices… Le tome 2 m’attend dans la bibliothèque, et j’ai hâte de savoir la suite ! (Je vous prépare un post prochainement pour vous parler de cette saga).
  • Alyson Ford, Tome 1, Le temple du Jaguar. J’ai trouvé cette bande dessinée chouette, plutôt jeunesse à mon goût, mais agréable à lire. Alyson n’est pas comme les autres, ses parents sont des aventuriers qui sont partis il y a quelques mois déjà. Malheureusement, ils ont besoin d’elle pour rester en vie et retrouver son grand-père. Elle a 11 ans, elle est très intelligente et n’a pas froid aux yeux. Elle part de Londres pour rejoindre l’Amazonie, et part sur la trace de sa famille. Je n’ai pas été particulièrement touchée par cette histoire, mais je suis quand même curieuse de découvrir la suite !

Quels titres vous tentent ?

Dites-moi, ce petit bilan vous a plu ? C’est un nouveau format, et je suis curieuse de connaître votre avis 🙂 J’espère que ça vous aura donné des idées de lectures, et si vous avez lu certains de ces livres, n’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

Le fabuleux voyage du Carnet des Silences de Clare Pooley

Départ imminent pour Londres avec ce livre de Clare Pooley. En véritable ode à l’amitié, cette histoire de destins croisés est une bouffé d’air frais. Il met en lumière plusieurs choses importantes, qui nous semblent pourtant insignifiantes : l’amour de soi, l’importance d’être indulgent envers soi-même, et l’impact que les silences et les secrets peuvent avoir pour nous et autour de nous.

Le Fabuleux voyage du Carnet des Silences, Clare Pooley, aux éditions Fleuve


Tout démarre avec Le Carnet des Silences, créé par Julian, cet octogénaire muré dans sa solitude. Ancien peintre, il a tout perdu depuis le départ de Mary. A tel point que le temps s’est comme arrêté pour lui : dans sa maison, dans sa penderie, dans son cœur. Dans ce carnet, il se livre. Il prend conscience qu’on ne connaît jamais vraiment ceux qui nous entourent. Et qu’il en est de même pour eux.
Le principe est simple, il suffit de répondre à une seule question, sans artifice : qui êtes-vous vraiment ?
Il dépose ce carnet dans le café où il passe un peu de temps. Et c’est sa propriétaire qui le trouve. Monica joue le jeu, à son tour. Après tout, cela ajouterait peut-être un peu de piment à sa vie ?
Elle écrit ses craintes, ses peurs de l’avenir, ses aspirations. Et laisse le carnet à son tour.
L’histoire continue, dans ce quartier de Londres où de simples passants deviendront plus importants que vous ne le penserez.
La vérité, aussi dérangeante soit elle, peut être salvatrice, pour vous et ceux qui vous entourent.
J’ai adoré découvrir tous ces personnages, avec leurs défauts et leurs qualités, avec leurs doutes, et leurs ambitions. Leurs personnalités, en somme. Des personnages attachants, parfois énervants, parfois touchants. Des personnages qui m’ont semblé plus vrais que nature, qui m’ont accueillie dans leur bande surprenante, éclectique, où finalement, le noyau commun est le Carnet des Silences.
Je suis heureuse d’avoir découvert ce livre. C’était le bon moment.
Alors je commence la nouvelle année avec une autre vision des choses. Et c’est là tout le pouvoir de la littérature.

Un Automne de Flaubert d’Alexandre Postel, chronique de la mélancolie

Flaubert, ce grand nom de la littérature française, cet emblème du XIXe siècle… Flaubert, auteur de la fameuse Madame Bovary, mais aussi de l’Education Sentimentale, ou encore de Salambô (je ne vous fais pas toute la liste, mais vous avez compris l’idée), voilà toute la matière employée par Alexandre Postel pour son dernier roman publié chez Gallimard. Un écrivain qui devient personnage, une vie qui a tout d’un roman. La bascule est bien vite opérée, mais fonctionne-t-elle pour autant ?

Un Automne de Flaubert d’Alexandre Postel, publié aux éditions Gallimard, 15€

Concarneau, 1875. L’Hôtel des Voyageurs reçoit pour la seconde fois Gustave Flaubert. Rien ne va plus pour l’écrivain : il n’arrive plus à écrire, financièrement il connaît la déchéance, il est tout simplement à l’automne de sa vie. Chaque jour, il se baigne, en compagnie du scientifique Félix Pourchet ; chaque jour, il y a la sardinerie, les odeurs du bord de mer, les grandes tablées de l’auberge, et toujours ces baignades qui suspendent le temps et la douleur.

Même agitée, la mer accorde toujours le repos à celui qui la regarde.

Alexandre Postel

Entre observation des études de son confrère scientifique, promenades mélancoliques, l’emploi du temps de Flaubert est aussi rythmé par l’attente des nouvelles de sa nièce Caroline et de son conjoint. Il dépend d’eux, financièrement, et les horizons ne sont pas bons. Et toujours l’écriture comme une épine, une étrangère qui complique les choses. Qui n’aide pas notre cher Flaubert à évacuer son chagrin. Jusqu’à ce qu’il essaye de réécrire un conte médiéval d’une sauvagerie inouïe, à la hauteur sans doute de ce mélange qui bouillonne en lui.

L’écriture d’Alexandre Postel, quant à elle, est un délice. Fluide, subtile, elle a su me plaire et me faire voyager dans le temps et dans l’espace, elle m’a transmis les émotions sans en dire trop. La vérité, aussi drôle, aussi triste, aussi douce soit-elle, est racontée avec justesse. Le tout saupoudré d’extraits de correspondances de Flaubert lui-même. Une projection littéraire réussie, comme un rêve, avec une fin digne de ces grands romans, qui résonne encore en moi des semaines après. A tous les amoureux de la littérature, ceux qui aiment aussi bien le fond que la forme, je vous conseille chaleureusement cette œuvre.

Et vous, appréciez-vous les histoires qui concernent les auteurs, les créateurs, les peintres ? Si vous en avez à me conseiller, je suis preneuse 🙂

Retrouvez ma chronique sur Instagram :

Des saisons adolescentes, de Sébastien Berlandis – un puzzle de l’adolescence

L’auteur est professeur de philosophie dans un lycée. Lors d’un cours, il demande à ses élèves de se prêter au jeu de l’écriture, autour d’un sujet assez difficile. Si vous ne deviez retenir qu’un souvenir, quel serait-il ?

Alors le livre regroupe ces souvenirs d’adolescents, des fragments, des morceaux qui ne vont normalement pas ensemble qui forme un puzzle saisissant de l’adolescence, de ce passage transitoire vers le monde adulte, la vie, ses obstacles et ses difficultés avec un regard parfois encore plein de pudeur.

J’ai aimé ressentir cette empreinte photographique de l’auteur dans son écriture. Une écriture précise, minutieuse, qui m’a fait passer un moment narratif comme j’en avais besoin.

Ma lecture, sous le cerisier et lors des soirées de confinement, était une expérience agréable, douce et mélancolique à la fois, qui se lit et se savoure assez rapidement et que je vous conseille de découvrir !

Faire l’amour de Jean-Philippe Toussaint

Une douce ressemblance avec une certaine Madame Duras

Je suis rentrée dans cette librairie avec des amis, et je leur ai dit « laissez-moi le temps, j’arrive ». En inspectant les rayonnages, dans le silence de cet après-midi d’hiver, je suis tombée sur ce livre de Jean-Philippe Toussaint, dont la chronique de Loupbouquin m’avait tellement plu que je n’ai pas pu résister. Je me suis plongée dedans le dimanche. Oui, plonger, il n’y a pas meilleur mot pour parler de ce livre, de cette histoire où l’eau – qu’elle soit de la pluie, de la piscine ou des larmes – vient lier ces deux êtres dans les débuts et la fin.

Qu’avais-je à faire ces jours-ci à Tokyo ? Rien. Rompre. Mais rompre, je commençais à m’en rendre compte, c’était plutôt un état qu’une action, un deuil qu’une agonie.

Faire l’amour, Jean-Philippe Toussaint

Le résumé parlait d’une rupture amoureuse, le titre évoque tout sauf une rupture. Un paradoxe que je n’ai cessé de trouver au fil des pages. Quand leur corps se mêlent, c’est mécanique, sans sentiment. Et quand ils ne sont pas dans le même espace ensemble, il y a comme un creux, celui de l’autre.

Marie est hypnotique, sensuelle au sens premier du terme. Lui possède une fiole d’acide chlorhydrique, comme un prolongement de lui-même, ce n’est qu’à la fin qu’elle se met à agir et marque, d’une métaphore amère, la fin d’une histoire : celle du livre et celle de leur amour.

J’ai aimé avoir les sens en éveil, l’odeur des petits restaurants japonais, le bruit de la pluie, le goût des ramen, la douceur de la moquette de l’hôtel. J’ai aimé l’écriture brute, sans fioriture, sans pathos, juste un morceau de vie où l’autre donne du sens.

J’ai eu l’impression de retrouver L’Amant de Marguerite Duras : le calme et la sérénité du Japon, l’amour dans tous ces états… Une lecture puissante que je vous conseille sans hésiter !

Miss Islande d’Auður Ava Ólafsdótir

C’est après plusieurs semaines que je me décide enfin à vous parler de ce bijou littéraire. Non pas que je n’ai pas eu d’occasion jusqu’à présent, tout simplement pour laisser encore l’histoire infuser en moi et garder une douce impression après la lecture. Car c’est ce qui vous attend une fois le roman refermé : la nature brute de l’Islande, ces personnages si vrais, cette poétique de la vie vont vous marquer de spleen ou de douce-amertume.

Miss Islande, aux éditions Zulma

Je m’explique. Dans une époque où les femmes sont encore exclues de la vie intellectuelle et artistique, et où elles ne sont bonnes qu’à entretenir la maison et à donner leur beauté aux autres, Hekla – la volcanique – aspire à écrire, à parler du monde en vers libre et en prose. Alors qu’on lui propose à de multiples reprises de se présenter au concours de beauté nationale, elle refuse, se dresse contre ces hommes et décide de ne jamais abandonner son rêve, ce pour quoi elle est faite.

J’ai lu ce livre en écoutant Agnès Obel et c’était une expérience de lecture divine et inoubliable. Tous mes sens ont été conquis par cette histoire où les odeur de lave et de féminité prennent le dessus sur tout le reste. Et on ose croire en ses rêves : si Hekla arrive à aller au bout de sa destiné, c’est parce qu’elle fait ses propres choix. Certains choix pourront d’ailleurs bousculer le lecteur…

Une belle histoire de la vie, une ode à la femme quelle que soit sa situation et ses aspirations, une déclaration à l’amour sous toutes ses formes – filial, amical, marital – et une lumière mise sur la sororité, au même niveau que la fraternité. De beaux messages véhiculés et une histoire comme je les aime, et que je ne peux que vous conseiller de découvrir au plus vite.

Il est juste que les forts soient frappés, le premier roman de Thibault Bérard

Comme une explication à tout le roman, le titre donne une tonalité avant même d’ouvrir le livre. Parce que l’histoire de Théo et Sarah est loin d’être ordinaire, typique du fameux « ça arrive aux autres » jusqu’au jour où ça nous tombe dessus. Mais le lecteur est prévenu : c’est Sarah qui nous raconte, Sarah qui est morte et qui est omnisciente. Et j’ai aimé cette prise de position, risquée je vous l’accorde, mais qui offre un point de vue si inattendu !

Il est juste que les forts soient frappés, Thibault Bérard, Editions de l’Observatoire

Mais qu’est-ce qu’elle nous raconte alors ? L’histoire de sa vie. On la rencontre jeune, avant sa rencontre avec Théo. Et puis on assiste à la naissance de leur couple, puis de celle de leur premier enfant, Simon. On découvre les angoisses de l’un et de l’autre, toujours avec cette voix qui nous parle directement à nous lecteur, sans filtres, aussi surprenant que cela puisse paraître.

Sans chichi, comme une confession entre Sarah et le lecteur, la lecture est fluide et intense. A l’image du Pete Fromm ou du personnage de Rabbit Hayes, je ne suis pas sortie indemne de cette lecture. J’ai versé une larme face à récit, pour sa sincérité, pour ce choix de point de vue un peu osé, mais j’y ai compris le besoin qui se cache derrière : donner la parole une dernière fois pour laisser partir et passer à la phase suivante du deuil.

Et même si ça fait mal, la vie continue, et elle continue d’être belle à qui veut bien le voir. C’est le message que je retiendrai, cette positivité que rien ne vient faire trembler, car même les doutes finalement deviennent des respirations pour repartir à la guerre.

Et cette couverture… Elle représente très bien la tonalité du roman : de la lumière à en devenir aveugle, de la lumière d’amour, de la lumière de vie.