Médée Chérie de Yasmine Chaadi

Une réécriture du mythe de Médée à travers la violence du silence.

Il part. Ou plutôt, il fuit. Comme ça, à l’aéroport, sans prévenir. Médée, elle, reste là, elle attend. Sans comprendre qu’elle ne doit plus attendre. Ses enfants la rejoignent, pour lui parler, lui expliquer. Adam, son fils, la prend dans ses bras. Adam qui fera tout pour ramener sa mère à la vie, la vraie vie.

Médée décide de louer une chambre d’hôtel, à l’aéroport. De ces chambres impersonnelles, elle se fondra dans le décor, aussi grisée que le papier peint. Elle y restera enfermée et perdra la notion du temps.

Quand elle décide de sortir de cette bulle, elle découvre une boule de pâte à modeler au pied de la porte. Il s’agit d’un écho, d’un rappel. Médée est sculptrice. Elle définit les corps, les émotions, se perd dans sa passion. Cette pâte à modeler, Adam espère qu’elle sera un électrochoc pour sa mère. Mais il n’en est rien.

Elle sort, retourne à l’aéroport, et rencontre une femme. Elle n’a rien. Elle aussi a perdu. Mais elle s’accroche. Une douce amitié se crée, petit à petit, aussi inattendue soit-elle, elle guide Médée vers la voie de l’acceptation. Une seconde fois, elle tombe sur une boule de pâte à modeler. Rouge. La colère sort, la boule de pâte vole dans la pièce. Et soudain…

Frappée par la puissance du non-dit, Yasmine Chaadi réussit à donner du sens à ce qui n’est plus, mais qui existe encore. L’incompréhension, la douleur, la perte, tout prend chair dans ce récit poétique où l’expression des maux est contenue dans le silence.

Ce texte sublime permet de (re)découvrir le mythe de Médée, et de se laisser porter par l’écriture de Yasmine Chaadi le temps d’un court récit.

Sous le soleil de mes cheveux blonds d’Agathe Ruga

Agathe, Agathe… Vous la connaissez forcément sous son pseudo @agathethebook sur Instagram. Vous savez, elle publie des chroniques passionnée sur ses lectures. Elle est reconnue coupable de nombreux craquages en librairie, nous sommes nombreux à pouvoir témoigner.

Agathe a écrit son premier roman, que j’ai lu – non, dévoré- et qui m’a touchée. Résolument moderne et sincère, on se plonge volontiers au cœur de l’amitié entre Brune et Brigitte. Une amitié à double tranchant. Car entre l’amour et la haine, on répète souvent qu’il n’y a qu’un pas. C’est ainsi que du jour au lendemain, Brigitte raye Brune de sa vie, sans explications, sans l’ombre d’une réponse. Enceinte, Brune fait des rêves dans lesquels apparaît Brigitte, Brigitte la mystérieuse, Brigitte la douce, Brigitte enceinte elle aussi. Ces rêves sont l’occasion de revenir en arrière, sur cette amitié explosive, et sur la naissance de l’être féminin à l’ère 2.0.

A chaud, j’ai publié ma chronique sur Instagram ; me voilà presqu’un mois plus tard, toujours hantée par ce texte, à devoir mettre plus de mots dessus. Agathe a réussi à porter son écriture au sein du paradoxe de la féminité : être exagérément, être dans le moule (la femme, la mère, la discrète) ; briller de son éclat ou se taire. Pour la jeune femme que je suis, ce questionnement autour de la féminité a un côté rassurant : enfin il y a des mots dessus, enfin nos générations n’ont plus à culpabiliser. Nous sommes, et ce n’est pas un mal. On peut vibrer intensément adolescente et s’épanouir dans la douceur plus tard. Ou l’inverse. Mais surtout, j’ai accueilli avec beaucoup d’émotion le thème des amitiés fanées, de celles qui couvrent d’un voile sombre votre cœur sans un bruit et que vous portez en vous secrètement. De celles dont vous essayez de vous détacher mais dont vous n’arrivez pas à faire le deuil. Là encore, Agathe, raconte, met des mots sur ce qu’on n’explique jamais à une jeune fille.

Si j’ai une fille, je lui dirai que certaines amitiés, aussi indestructibles soient elles à l’adolescence, peuvent faire mal à s’écrouler. Si j’ai une fille, je lui dirai que ce n’est pas grave, qu’elle s’en remettra, qu’elle réussira à être heureuse. Je lui ferai lire le livre d’Agathe, et comme moi, elle se sentira un peu moins seule, je l’espère.

Lire dans les transports

Petite, impossible de faire quoi que ce soit pendant les trajets en voiture ou en bus. Un rien me donnait la nausée. Les trajets étaient souvent longs… Mais depuis quelques temps, j’ai bravé ma crainte du mal des transports et j’ai osé ouvrir un livre dans le bus. Miracle, même pas une goûte de sueur, ni de boule dans le ventre.

Voici quelques conseils à tous les lecteurs qui aimeraient profiter de leur temps de trajet pour lire, lire et encore lire !

Comprendre le mal des transports

Avant toute chose, petit point scientifique sur le mal des transports. Eh oui, pour traiter un problème, rien de mieux que d’en comprendre l’origine !

L’oreille interne, située… dans l’oreille, regroupe l’organe de l’ouïe et celui qui assure l’équilibre. Le mal des transports correspond à la différence de perception entre votre équilibre (stabilité) et votre vision (paysage qui défile), deux informations contradictoires que votre cerveau transforme en sensation de nausée, sueurs, maux de tête… Tout ce qui caractérise un petit malaise. Le fait de lire, que ce soit sur son téléphone ou sur un livre, ajoute une dimension à traiter pour le cerveau et amplifie cette sensation de malaise.

Maintenant, le tout est de savoir si le mal des transports se manifeste uniquement lorsque vous essayez de lire ou tout le temps.

Le mal des transports… tout le temps

Vous faites partie de la team Vomito depuis toujours, et vous trouvez même que cela empire avec le temps ? Il existe des petits exercices pour travailler votre oreille interne. C’est grâce au sport que j’ai pu expérimenter ces petites choses, et que j’ai vu mon mal des transports diminuer (car il n’a pas encore tout à fait disparu). Dans le sport, et plus particulièrement en athlétisme, l’oreille interne est travaillée pour courir équilibré sans être étourdi, même les yeux fermés.
Dans un premier temps il suffit de se tenir droit dans un environnement où vous avez de l’espace, et de vous concentrer sur votre équilibre.
Une deuxième étape consiste à lever une jambe, pour se retrouver en équilibre sur l’autre. Vous allez voir, vous allez sentir que ça travaille dans les chevilles, et c’est tout à fait normal.
Une troisième étape est possible en fermant les yeux : vous risquez d’avoir l’impression de tomber dans le vide, pas de panique ! Vous pouvez garder la jambe au sol légèrement pliée, la tendre ajoute un niveau de difficulté.

Vous pouvez ensuite changer de jambe et trouver des variantes, en croisant les bras, en plaçant un petit coussin sous votre pied d’équilibre… Plus vous serez stable en toute circonstance, plus votre équilibre sera renforcé, et votre oreille interne parée pour vaincre le mal des transports. Diane Ducret avait raison, la meilleure façon de marcher (ou d’être un lecteur tout terrain) est celle du flamand rose 😉

Ces exercices peuvent être réalisés tous les jours, sur des séquences très courtes ! La régularité est la clé du progrès, mieux vaut s’exercer 5min tous les jours qu’une demie heure une fois par mois.

Attention, il ne s’agit pas d’une solution miracle ! Travailler son équilibre prend du temps et parfois… ça ne suffit pas. Je vous partage simplement ceci car c’est ce qui a fonctionné dans mon cas. Si vous êtes déjà très fort en équilibre et/ou que vous êtes quand même sujet au mal des transports, voici quelques autres petits conseils qui, je l’espère, vous aideront…

Le mal des transports quand on veut lire

Vous faites huit heures de route sans avoir un seul des symptômes évoqués précédemment ? Chapeau. Vous faites sûrement de nombreux envieux. Mais dès qu’il s’agit de sortir un livre, la première ligne vous donne le tournis et vous ouvrez la fenêtre le regard vitreux. Ne vous cachez pas, vous êtes nombreux aussi dans ce cas 😉

Là aussi, les exercices d’équilibre peuvent vous aider. Mais des détails peuvent vous permettre de lire, ne serait-ce que quelques minutes.

  • Lire sur une liseuse : c’est avec cet outil que je me suis rendue compte que j’étais capable d’enchaîner plus de 10 lignes sans me sentir mal ! L’adaptation de l’éclairage, de la taille de la police, et de tout autre élément de confort de lecture contribue au bien-être dans les transports. Pour ma part, cela m’a permis ensuite de faire la transition vers le livre papier.
  • Lire dans le sens qui vous convient (pour les trajets en bus/train): c’est peut-être bête, mais vous vous sentez certainement mieux dans le sens de la marche, d’autres dos à la route. D’autres encore seront peut-être bien perpendiculairement au trajet ! Le tout est d’être à l’écoute de son confort. Personnellement, je lis mieux en étant dos à la route.
  • Placer sa lecture hors champ de la route : placer sa lecture sur ses genoux et baisser la tête suffisamment pour ne pas voir le paysage défiler peut permettre de ne pas ressentir le mal des transports.
  • Se mettre à l’aise : avoir trop chaud dans les transports contribue à la sensation de mal-être qui peut survenir lors d’une lecture en bus par exemple. Découvrez-vous un peu, ouvrez votre manteau, dénouez votre écharpe/foulard, soyez à l’aise, surtout si votre trajet dure plus de 10m minutes !
  • Ne pas forcer : c’est pour moi le point le plus important ! Si vous vous forcez, et que vous vous sentez mal, vous allez associer la lecture dans les transports à un moment de mal-être et votre corps risque de réagir avec les symptômes du mal des transports à chaque fois. Il faut savoir s’écouter et accepter de ne pas lire tout le temps 😉

Tous ces petits conseils ne sont absolument pas universels et véridiques, c’est ce qui a fonctionné sur moi, grande malade dans les transports que j’étais et qui ne pouvait rien faire d’autre que de regarder la route. Aujourd’hui, je suis capable de lire dans le bus, en sens inverse de la marche, coté passager (mais pas encore à l’arrière de la voiture), en fonction des jours ! Eh oui, il y a des jours où ce n’est pas envisageable une seule seconde. Et alors ? J’écoute de la musique, je regarde dehors, et je profite encore plus de ma lecture le soir, bien stable dans mon canapé 😉

J’espère que vous ne vous attendiez pas à des solutions miracles et que ces quelques conseils vous donneront des voies pour vous sentir mieux en lisant dans les transports. Et si vous avez d’autres techniques, partagez-les en commentaire !

Ma reine de Jean-Baptiste Andrea

Premier roman sur une enfance pas comme les autres, Ma reine se lit comme un conte, avec une pointe de douceur et de naïveté, sans oublier la part plus obscure qui viendra vous pincer le cœur.

Dévoré en quelques heures, le récit de Jean-Baptiste Andrea met en scène Shell, un jeune garçon de 12 ans, qui vit avec ses parents dans leur station essence. Eloigné de tout, mais surtout des autres, le petit garçon ne va plus à l’école. Il prend la décision de partir « à la guerre », car il espère pouvoir ainsi devenir un héros aux yeux de ses parents, lui qui a subi les moqueries de ses anciens camarades. C’est là qu’on comprend que Shell a un monde bien à lui.

Dans sa fugue, il ne prend conscience du danger qu’à travers ce que pourrait penser sa mère. Animée par cette volonté de combattre, avec les images d’un enfant sur la guerre, il va rencontrer celle qu’il appellera sa reine. D’un commun accord, ils décident de se détester. C’est là que leur amitié prend forme. Ce qui s’apparente à un jeu devient la réalité de Shell. Elle est la reine du territoire, il doit respecter les règles s’il veut être protégé et être à l’abri de ceux qui le cherchent. Il s’accroche à cette fille pour éloigner de ses pensées la station-service, le regard des autres, sa solitude.

J’ai beaucoup aimé le thème de ce roman. L’auteur réussit, à mon sens, à nous faire entrer dans cet univers enfantin pour mieux nous piquer : par de petits détails, nos yeux d’adultes comprennent (je ne vous en dirai pas plus). Seule la fin est un peu trop brute. Portée par la narration, je suis restée un peu abasourdie par les dernières pages. Le rythme se casse et l’histoire s’arrête. Dommage !

Une lecture qui vous portera et qui vous restera en tête un petit moment !

Les frottements du cœur, un journal hospitalier pas comme les autres

Katia Ghanty est comédienne. Alors qu’elle est atteinte d’une grippe, son état ne fait qu’empirer jusqu’à devenir critique. C’est une amie qui la découvre inconsciente chez elle. C’est à ce moment précis que débute un long séjour à l’hôpital.

Sous la forme d’un carnet de bord, le récit de Katia Ghanty est sincère et vrai. Les moments d’espoir et ceux moins glamours sont racontés, je les ai trouvés rassurants : dans Grey’s Anatomy, on ne vous montre jamais ce moment précis où le patient doit faire ses besoins, dans le fameux « bassin ». En revanche, et pour mon plus grand plaisir, j’y ai retrouvé des moments de complicité avec la famille, jusqu’à créer des surnoms au personnel médical (pas de Docteur Mamour mais le Docteur Vélo). Avec justesse, les sensations sont décrites, les peurs et la fatigue aussi. L’éloignement de la réalité est, je crois, la chose qui a le plus marqué ma lecture : je ne m’étais jamais rendue compte du décalage qui pouvait se créer entre le patient et son entourage, mais surtout la souffrance que cela peut créer.

Avec humour et bienveillance, le témoignage de Katia Ghanty m’a fait relativiser sur un certain nombre de chose concernant le milieu médical. Mais surtout, elle m’a prouvé que la force mentale est plus importante que tout lorsque la maladie nous touche. J’ai un peu de mal à parler plus précisément de ce que le texte a éveillé en moi, mais je vous conseille de découvrir ce récit !

Philippe de la Genardière va faire des vagues avec Mare Nostrum

Mare Nostrum, c’est le nouveau roman de Philippe de la Genardière publié chez Actes Sud pour la rentrée littéraire d’hiver. La quatrième de couverture est assez mystérieuse, mais laissait présager un moment de lecture assez spectaculaire à travers la place laissée au décor maritime, à ce retour nécessaire au bord de mer pour ne pas se laisser abattre par la vie. Cher à mon cœur, l’océan est bien présent… au début. Avant qu’un tsunami débarque dans le texte.

C’est l’histoire d’Adelphe, la soixantaine, qui se retrouve dans un petit hôtel dans le sud de la France pour se ressourcer. Des descriptions à couper le souffle, avec une magie lyrique, voilà ce qui m’a enchantée dès les premières pages. On en apprend un peu plus sur son passé, sur les événements qui l’ont amené à se retrouver seul, ici. Et puis, dans son tourment, Adelphe atteint un point de non-retour. Voilà la première partie. Et dans la seconde, la vague a tout effacé, il n’y a plus la beauté du paysage et la poésie du passé. Il y a la dure réalité de l’hôpital psychiatrique et de la fracture mentale d’Adelphe.

Mare Nostrum de Philippe de la Genardière, aux éditions Actes Sud

Aux mots qui se mélangent, il subsiste l’écriture, magnifique. Le fond se perd totalement, à mon sens, mais là où l’écrivain réussi son tour de force, c’est dans l’impression baudelairienne : le laid est sublimé, et même si Adelphe rejette totalement la littérature dans cette période sombre, elle reste malgré lui, dans ses paroles.

Mais cette histoire ne se résume pas à la vie d’Adelphe : il y a une femme. Maïsha, la trentaine, travaille dans la même maison d’édition qu’Adelphe. Leur relation est particulière. La couleur de peau de Maïsha est au cœur d’un problème récurrent pour la femme, qui trouve sa source dans l’Histoire avec un grand H. Ce point m’a laissée un peu perplexe. Si je peux m’ouvrir à des sujets parfois loin de mes habitudes, j’ai eu du mal à vraiment comprendre la pertinence du lien entre l’histoire de Maïsha, son problème personnel (qui, je l’avoue, m’a fait sauter quelques pages car j’étais gênée) et le sujet lancé dans les premières pages. Alors quand la dernière partie change de narration, plaçant le lecteur dans la tête de Maïsha, j’ai sombré dans le tonneau de la vague. Ce n’est pas un style de narration que j’apprécie, car j’ai l’impression d’être forcée. Je n’ai pas ressenti de sympathie pour Maïsha, alors je n’ai pas aimé me retrouver dans sa tête. Là encore, des passages m’ont gênée, car je n’avais pas envie d’entrer dans l’intimité de cette femme. Malgré tout, l’écriture reste pour moi le point magistral de ce texte.

Cette chronique me permet de prendre conscience clairement de ce que j’ai pensé du texte. Après une bonne semaine de digestion, je peux dire que le livre de Philippe de la Genardière m’a troublée, renversée, bousculée, comme si j’étais prise au piège d’une vague, dans un tonneau. J’ai été profondément émue par la première partie, aveuglée par la beauté des mots, par le voyage vers la mer. Cet aveuglement, je l’ai ressenti encore, pendant la seconde partie, tiraillée entre la beauté du texte et l’effroi des conditions de l’hôpital psychiatrique. Et j’ai ouvert les yeux, face à Maïsha. J’ai ruminé, j’ai hésité. Mais ma lecture a fonctionné. Pour moi, ce texte est une réussite. Ce n’est pas grave de ne pas être d’accord, de tourner des pages plus rapidement, la littérature est là aussi pour faire réagir et ressentir. Et c’est ce qu’il s’est produit pour moi.

Un texte particulier, difficile parfois, que je conseille à ceux qui apprécient déjà la torture poétique et l’empreinte baudelairienne, ou à ceux qui veulent ressentir pleins de sentiments à la fois.

Encore merci à Actes Sud et à Pauline pour cette découverte !

Salutations révolutionnaires, ou la rencontre entre Carlos le terroriste et Sophie la journaliste

Je n’ai pas honte de le dire, j’avais très vaguement entendu parler de Carlos, non pas le chanteur mais le terroriste. Blague à part, lorsque Sophie Bonnet m’a contactée pour me proposer de découvrir son récit, je n’ai pas hésité. J’aime lorsqu’un texte peut m’apprendre des choses. Au-delà du récit sur Carlos, j’y ai retrouvé le milieu carcéral – introduit dans mon horizon de lecture par Guillaume Para en 2018 -, et ai appris combien certaines relations peuvent devenir nocives tant elles sont obsédantes.

Sophie Bonnet est journaliste et a réalisé de nombreux reportages. Dans Salutations révolutionnaires, elle revient sur sa volonté de rencontrer Carlos dans l’optique d’un documentaire. Il y a la prise de contact, surprenante, la rencontre, troublante, la récurrence voire la routine qui s’installe entre eux deux. Tout est ambivalent, à l’image de cet homme : l’humanité laisse place à l’obscurité lorsqu’il s’agit de revenir sur le passé. L’ego de ce révolutionnaire tâche la réalité, comme si la prison avait stoppé toute progression de la réalité, comme si dehors, on attendait Carlos, partout, tout le temps. Comment obtenir quelque chose de concluant d’un homme qui ne pense qu’à lui, à mille lieues du présent ?

Voilà tout la difficulté rencontrée par la journaliste : il y a d’un côté la conviction que peut-être une vérité parviendra à sortir, d’un autre, l’envie d’abandonner mais l’impossibilité d’agir. Il y a un véritable décalage entre l’homme en prison et les conséquences de ces actes et de la violence, qui impacte encore des familles des décennies plus tard.

J’ai été happée par ce récit. J’en ai appris un peu plus sur ce terroriste du XXe siècle, sur le milieu carcéral, et je crois que j’ai beaucoup apprécié l’écriture : elle pointe du doigt sans forcément juger, elle fait état de ce qui est, tel que c’est et sans détails inutiles.

A lire si vous voulez regarder un documentaire à travers les mots !

2018 – Rétrospective d’une année littéraire

Bonjour à tous !

Le chapitre de 2018 arrive à son terme, l’occasion pour moi de retracer les grandes lignes de cette année riche en découvertes littéraires et synonyme d’épanouissement personnel à tous les niveaux ! Mais je vais rester focalisée sur ce qui nous concerne et qui vous amène sûrement ici : la littérature.

Lectures à foison

Eh oui, cette année, j’ai lu plus d’une cinquantaine de livres. Je ne saurai vous dire le nombre précis, tout simplement car j’ai arrêté de les compter ! Je tenais un carnet de lecture à jour, dans lequel je prenais des notes au fil de mes lectures, je recopiais certains passages qui sont devenus des citations… Mais avec un changement de rythme en septembre, j’ai perdu le fil et je suis moins rigoureuse quant à la tenue de ce carnet. Et, sans mentir, ce n’est pas si grave ! Je vis mes lectures de la même manière.

Mes amis littéraires

Si on m’avait dit un jour que la littérature était prétexte à des rencontres amicales… au-delà des livres ! Bien entendu, je ne pourrai pas oublier certains personnages qui ont laissé une marque dans ma vie de lectrice (et peut-être même dans ma vie tout court). Mais surtout, 2018 a été une année de rencontres autour des livres : Inès (@bellesendormie), Solenn (@leclubdeslecteurs), Jenna (@jennaboulmedais), Agathe (@agathethebook), Charlotte (@loupbouquin), Aurore (@cetaitpourlire), pour n’en citer que quelques unes… J’espère que 2019 concrétisera ces amitiés littéraires, avec vous et avec vous tous aussi !

Une année entre contemporain et classique

Petit défi personnel que j’ai souhaité partager sur Instagram, le #ReadingClassicsChallenge2018 a été un beau moment de lecture. Je suis vraiment heureuse d’avoir eu vos retours, enthousiastes et positifs, sur ce challenge qui m’a poussée à lire plus de classiques tout au long de l’année. Si je ne devais en retenir qu’un, ce serait La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, pour lequel j’ai eu un gros coup de cœur dès le début de l’année (retrouvez la chronique juste ici).

J’ai aussi lu beaucoup plus de littérature contemporaine. J’ai fait de très belles découvertes, j’ai dépassé mes horizons de lectures habituels, mais j’ai aussi abandonné des lectures sans pression, j’ai osé dire ce que je n’avais pas apprécié, pour mieux savoir les livres vers lesquels je voulais aller.

Tout cela a été possible grâce aux maisons d’éditions qui m’ont fait confiance, en me proposant de découvrir des titres, parfois en cohérence avec mes goûts, parfois très loin en apparence. J’en retiens une expérience superbe ! Alors merci à vous Folio, Stock, Actes Sud, Grasset, La Martinière, Zoé, Presses de la Cité, Massot, Livre de Poche, J’ai Lu… Et merci aussi aux auteurs avec lesquels j’ai pu échanger, vous avez exaucer à chaque fois un rêve de petite fille, celui de discuter avec les auteurs qui font ma vie de lectrice.

Et en 2019 ?

On continue ? Je vous l’avoue, 2018 a été une année très importante pour moi, avec la concrétisation de beaucoup de choses à tous les niveaux. C’est avec une pointe de nostalgie que je me prépare à dire au revoir à 2018, mais avec beaucoup de hâte que j’attends la nouvelle année. Pas de résolutions, mais plutôt des objectifs, car c’est ce qui me correspond le mieux !

Je vous souhaite de vous épanouir et d’être heureux, quelle que soit la manière, l’endroit, le moment, profitez-en !

A très bientôt,

Lilly

Husbands de Rebecca Lighieri

Vous souvenez-vous du roman Les Garçons de l’été, lu cette année (et chronique ici) ? J’ai resigné pour une ambiance sombre et glauque avec Husbands. Un thriller tourné vers le sud de la France, centré sur trois hommes avec lesquels nous allons vivre un été… hors du commun.

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Ces trois hommes ont une histoire personnelle houleuse avec les femmes. C’est d’ailleurs cette tempête relationnelle qui va faire plonger Laurent, Reynald et Farouk dans les profondeurs obscures du net et de ses forums sexuels douteux. Se libérer de leurs femmes, se venger, asseoir leur masculinité sur ce qui les entoure… 

Au début, j’ai détesté l’ambiance, ces hommes mesquins et machistes, leurs propos envers leurs femmes. Et puis, petit à petit, je me suis prise au jeu, et j’ai apprécié les détester ; c’est quelque chose de difficile à exprimer mais l’écriture est addictive : d’un côté on a envie de savoir la suite, d’un autre, on a hâte que tout soit terminé, tant l’ambiance est pesante. Je pense que j’étais dans les dispositions pour lire ce livre : j’avais besoin de quelque chose qui soit intense et pour lequel je n’avais pas forcément besoin de réfléchir. J’ai lu, tourné les pages, en étant pleinement dans l’histoire et j’ai adoré.

Petit point important : j’étais contente de pouvoir en discuter avec quelqu’un qui l’avait lu aussi, car il s’agit d’une histoire vraiment malsaine. Alors si vous lisez ce roman et que vous avez besoin d’en parler, n’hésitez pas à m’écrire !

J’ai lu des avis assez opposés sur Husbands, et je peux comprendre que cette ambiance ne fonctionne pas avec chaque lecteur.

Vous l’avez lu ?

Bloody Tales d’Edith Wharton

#ReadingClassicsChallenge2018 de novembre validé (de justesse) avec la nouvelle d’Edith Wharton que j’ai lue dans le recueil Bloody Tales, avec Lovecraft. J’ai choisi une édition bilingue de chez Folio pour m’entraîner à lire en anglais, avec, vous le savez peut-être, le texte en anglais et en français en face à face pour éviter de rester bloqué sur un mot et de comprendre la construction syntaxique.

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Outre l’aspect instructif de cette lecture en VO, j’ai trouvé un certain plaisir à lire une histoire sombre, qui m’a rappelé mes premières lectures fantastiques au collège. Vous l’avez sûrement compris maintenant, le genre de la nouvelle est l’un de ceux que je préfère et j’ai aimé retrouvé les éléments narratifs propres au genre : l’intensité, l’instantané, l’obscurité de plus en plus prenante au fil des mots… A tel point que mes rêves de la nuit suivante étaient clairement inspirés de ma lecture !

Une lecture rapide, prenante et agréable qui me permet de cocher la case de Novembre pour le Challenge !

Et vous, qu’avez-vous lu ?